Abbiamo appena appreso che il Convento francescano di S. Antonio di Padova di Aleppo (Ghassanieh) è stato attaccato e bruciato da orde di armati dell'esercito siriano "Free". Nel convento era incluso un ambulatorio medico e un reparto di maternità.
VOCI DA ALEPPO
LE SOFFERENZE DEI CRISTIANI. AL CUORE DELLA VIOLENZA, GESTI DI CORAGGIO E DI UMANITA'
Nuit cauchemardesque.
Alep - Vendredi 28 Septembre 2012 (8h30) -
Etant donné le retour de l'électricité et du réseau Internet, nous pouvons à
nouveau dire au monde que les gens ici vivent des heures de cauchemar ; la nuit
fut indescriptible. La panique des enfants était à son paroxysme
; il a fallu leur administrer des calmants afin de pouvoir dormir. Des sédatifs
aux enfants ? Vous rendez-vous compte ? Les femmes quant à elles ont passé la
nuit en larmes.
Ce fut sûrement la nuit la plus
meurtrière que nous ayons vécu ; les obus tombaient toutes les minutes sans
relâche. L'armée patriotique syrienne a donné ordre de ne pas laisser les
maisons, de peur que les bandes armées n'occupent les immeubles. Ces dernières
annoncent aux minarets des mosquées qu'Alep doit choisir : Se rendre ou être
entièrement détruite [Ce sont les démocrates qui parlent ainsi ; ceux qui nous
sont promis par certaines puissances]. Malgré tout, nous croyons que Notre
Seigneur Jésus est avec nous. Il ne peut être avec ces barbares, pour
l'essentiel, étrangers qui nous assènent des obus toutes les minutes.
Menaces
extrêmes sur les Chrétiens d'Alep qui sont désarmés.
Alep - Jeudi 27 Septembre 2012
(19h40) - Nous venons d'apprendre par un témoin direct que des criminels
"masqués" membres de l'Armée Syrienne "Libre" et appuyée
des Salafites ont enlevé 15 chrétiens dans le quartier de Sulaimanieh ; il les
ont abattus de sang froid puis les ont jetés sur la chaussée, à titre d'exemple
pour les chrétiens d'Alep.
Combats
très féroces à Alep ; tous les quartiers chrétiens bombardés et menacés par
l'ASL.
Alep - Jeudi 27 Septembre 2012 (19h) - Depuis
16h. des dizaines d'obus tombent sur tous les quartiers chrétiens d'Alep en
particulier sur Sulaimanieh et Azizieh, Midan...
L'Armée Syrienne "Libre" (ASL) a
déclaré que le compte à rebours était à zéro et que l'heure fatidique était
arrivée pour la destruction d'Alep.
Des centaines d'hommes armés, sans autre idéal
que le meurtre, se rapprochent des quartiers chrétiens en provenance des
localités d'Idlib et de la banlieue alépine; ils essayent d'aider la dite Armée
Syrienne "Libre". L'ASL tente d'assiéger Alep mais l'armée, avec ses
hélicoptères, bombarde les hordes armées.
Les familles chrétiennes se
regroupent, forcées de traverser les voies jonchées de cadavres. Notre
correspondant nous informe que 23 personnes de sa famille l'ont rejoint dans sa
maison. Les médecins coupent leur téléphones portables, car l'ASL recherche les
chirurgiens pour les obliger, par la force, à les accompagner pour aller
soigner les blessés. La situation est gravissime. En dépit de cela, la foi en
la Providence Divine résiste.
Au
coeur de la violence, des gestes de courage et d'humanité
samedi 29 septembre 2012 Alep :
Au milieu de la violence et de la désorganisation,
des haines et des mensonges, des pleurs et des désespérances, Alep offre
toujours à ses habitants des gestes d’espoir.
Un obus tombe le 27 Septembre dans
l’appartement d’une famille chrétienne, belle, paisible, en pleine jeunesse.
Nous vous parlons de Raymond, de Marie et de Joelle leur fille ; ils ont un
petit garçon qui est sorti pour acheter des sucreries ; durant ces quelques
minutes d’absence du petit, un obus les frappe dans leur appartement. Ils sont
atteints. Marie l’épouse et Joëlle leur fille tombent et ne se relèvent pas ;
elles décèdent sur le coup. Raymond grièvement blessé doit être immédiatement
emmené à l’hôpital. Qui va le faire ? Ce sont leurs voisins musulmans qui se
dévouent.
Au
premier hôpital visité, le Médecin-Chef refuse de recevoir le blessé. Scandale ! mais sans réfléchir, les ambulanciers de circonstances
repartent avec le blessé pour « l’hôpital national ». A l’arrivée une dizaine
de volontaires se précipitent pour donner leur sang afin de sauver le
malheureux ; aucun chirurgien n’ose apparaître à l’exception d’un seul qui se
propose d’intervenir en catimini [car les chirurgiens craignent d’être saisis
de force pour soigner les combattants]. A Alep, le système d’assurances
sociales ne fonctionnant plus, ce sont les mêmes voisins, ambulanciers et
musulmans qui prennent sur eux les frais de médicaments. Ils ne s’arrêtent pas
à ce geste puisqu’ils repartent en direction du premier hôpital pour y faire
mettre le chirurgien indigne à la porte.
Cet autre récit concerne un homme,
qui a fait parti des services secrets. A présent, il est reconverti dans la
production de pain ; il en fabrique pour aider. Il en produit une trentaine de
kilo par jour ; il y a lieu de dire que le pain étant très prisé, il faut
parfois attendre entre 5 et 8 heures pour acheter un kilo de cette denrée. Un voisin musulman lui
achète sa production pour la faire distribuer gratuitement aux pauvres
chrétiens.
Laisser nous vous relater ce fait. En
l'absence du Croissant rouge, paralysé, une petit équipe composé d'un
moine-prêtre et d’un Imam accompagnés de jeunes garçons et filles volontaires
traversent sous le feu, les quartiers de « Midan » et « Sulaimanieh » pour
aller aider, sauver, et rendre visite aux détenus des prisons ou pour porter à
manger à ceux qui ne veulent pas laisser leur maison par crainte de vols.
On ne vous a pas encore parlé du
Frère Georges Sabeh, un Frère Mariste qui a ouvert son couvent pour recevoir
les familles réfugiées provenant des quartiers chrétiens. On ne vous a pas
mentionné le Couvent des Jésuites, Saint Vartan ou celui des Franciscains et
même encore les Mosquées qui sont ouvertes à tous pauvres dans le besoin. Le bon samaritain de
l’Evangile avait-il fait la distinction entre la religion, l’ethnie ou la
couleur ?
Toujours
fidèles, toujours nobles et fiers, les bédouins de Deir Hafer qui se trouvent
dans le rif-Est d’Alep, n’hésitent pas à traverser plusieurs barrages de l’ASL,
en risquant leur vie, pour venir porter blé, légumes, olives et moutons aux
réfugiés chrétiens.
Nous devons une pensée particulière à
tous ces soldats de l’armée syrienne tombés en portant secours aux civils.
Mais
enfin seriez-vous autant touché que votre rapporteur par cette invitation de
l’Imam de la Mosquée du quartier qui a invité un chrétien à donner son
témoignage sur la Vierge mais aussi sur l’Islam tel que perçu par un chrétien ?
Oui. Cette rencontre aura lieu lundi prochain 1er Octobre 2012 à la Mosquée
même, à Alep.
Témoignage
et exemple du dialogue des civilisations et des religions qui est vécu ici en
Syrie, de manière profonde et qui forme la particularité de ce pays. Si le
Liban est un message de convivialité islamo-chrétienne, la Syrie est un modèle
de dialogue authentique et profond entre l’islam et le christianisme.
Alep
: périls et consolations.
vendredi 21 septembre 2012
Durant les sept semaines écoulées,
Halab [Alep], une des cités les plus anciennes de notre histoire, est restée
sans communications. Quelle misère ce fut....Le peuple et les autorités étaient
persuadés que la ville serait pacifiée en une semaine car nul ne s'attendait à
voir surgir autant d’éléments armés et autant de truands étrangers. On avance
le chiffre de 60.000, dont 80% seraient venus d’autres pays et un grand nombre
se reconnaissant salafistes de la mouvance d'al-Qaïda.
Si au début de la bataille, qui porte
son nom, la majorité de la population d’Alep avait montré de la sympathie à
l'égard du régime, une petite partie, dans certains quartiers, ne s'était pas
privée de soutenir l’Armée Syrienne « libre ». Mais aujourd’hui, ceux-là même
qui avaient espéré dans la "démocratie" promise, regrettent amèrement leur choix initial car
ils ont pu voir de leurs yeux les crimes et les destructions occasionnés par
ces bandes armées. Comment ont-ils pu espérer à l'avènement d'une démocratie au
bout du fusil promise, avec l'appui de leurs parrains, par ces éléments armés
plus formés à détruire qu'à construire : "Oui, la fin ne justifie pas les
moyens"; la démocratie ne peut supporter tant de crimes et de destructions
commis en son nom.
Sur le terrain, l’ASL avait réussi à
pénétrer le quartier des services de sécurité à Alep. Les habitants de la ville
ont alors assisté à des batailles presque confraternelles ; que d’argent
déversé aux "rebelles" de l’ASL pour que leurs bandes tuent leurs
"collègues" de la sécurité ?
Dans les premières semaines de la
bataille, l’ASL avait pu également profiter de la présence d'observateurs de
l'ONU pour pénétrer les vieux quartiers, pensant que l'armée syrienne ne
pourrait les en déloger de peur de porter atteinte aux bâtiments et aux
familles de ces quartiers.
Actuellement, la bataille fait rage,
mais cette fois les unités d’élite de l’armée syrienne sont venues renforcer
les troupes déjà présentes sur place.
On estime qu’à la caserne de Hanano,
l’Armée Syrienne « Libre » a perdu plus que 2000 hommes mais curieusement elle
semble continuellement alimentée en effectifs.
La plupart des églises du quartier de
Jdeideh ont été bombardées et saccagées par les bandes armées. La brutalité de
ces dernières, n’empêche pas l’armée syrienne de progresser sur le terrain
toutefois la progression est très lente.
Lorsque l’ASL est entrée dans le
quartier à majorité chrétienne de Midan, de nombreuses familles ont pris peur
et sont allées se réfugier auprès de proches dans d’autres parties de la ville
ou encore dans des villages proches d’Alep, Qnaeh et Ya’coubieh. En revanche,
les familles aisées ont pour la plupart quitté le pays en direction du Liban,
de la Jordanie ou même de l’Europe. Dans l’ensemble, on estime à 35% les
chrétiens qui ont quitté la vile d’Alep.
Les sorties d'Alep ne sont plus
possibles ; la route de l’aéroport est contrôlée par l’ASL qui n’hésite pas à
enlever les jeunes gens dans le but de les incorporer à leur troupe ou pour
obtenir des rançons en échange de leur liberté.
Pour les chrétiens, rester sur place
comporte des risques :
économiques dus à l’absence de
travail ; les usines étant fermées faute d’activité.
d'être contraints de vendre les
quelques biens de famille restants afin de continuer à vivre.
d'être pris en otage par les
salafistes déambulant dans les rues avec leur drapeau noir et déclarant
ouvertement « il n’y a pas de place pour les alaouites et les chrétiens ».
le risque de dhimitude à l’égal de ce qui
s’est produit dans d’autres pays ; l’Egypte n’y est-elle pas en voie ?
Quant aux lignes de front, elles
n’ont pas beaucoup bougé. Les positions des belligérants sont plutôt stables et
pour les deux protagonistes, la bataille d'Alep demeure décisive du sort de la
Syrie ; cela explique la détermination des deux parties. Le bruit court que
l’ASL se cramponne à Alep car elle aurait reçu des instructions du Qatar et
d’Arabie-Saoudite de ne quitter la ville qu’une fois celle-ci détruite.
Désormais, chrétiens et musulmans,
sont forcés d’espérer la victoire de l’armée syrienne dans cette bataille
d'Alep car bien peu de citoyens se reconnaissent dans ces bandes armées.
Alep,
il faut le dire, est coupé du reste du monde. Bien peu de marchandises rentrent
dans la ville qui jusqu’à peu était un des nerfs commerciaux de la Syrie.
[Ici,
notre correspondant a du interrompre son témoignage car l’heure de la coupure
d’électricité était arrivée. Il a renvoyé la suite le lendemain.]
Cela
fait bientôt deux mois que nous sommes sans « Mazout ». Les stations d'essence
ont été fermées par l'armée syrienne pour dégager les routes et raréfier
l’approvisionnement des bandes armées. Le gaz nous vient d’autres villes ; il
est vendu au marché-noir. Le prix de la bouteille est passé de 300 livres
(€3,44) à 5500 livres syriennes (€53). Quant à l’essence, son prix se situe à
300 livres (€3,44) alors qu’il était il y a quelques mois à 50 livres syriennes
(€0,57).
Au cours des dernières semaines, nous
avons connu une coupure d’électricité qui a duré une semaine et des
interruptions dans la distribution de l'eau durant de longues heures
quotidiennement, en raison du bombardement par l’ASL des centres de
distribution
En dépit de cette tourmente et des
francs-tireurs postés au haut des immeubles, les églises sont pleines de
fidèles. Même les plus récalcitrants d'autrefois se déplacent pour la « Maison
de Dieu », pour appeler le secours du Très-Haut. A l’entrée des églises se
tiennent désormais des « comités populaires en armes » ; ils sont soutenus et
financés par l’armée et leur rôle est de protéger la population.
Malheureusement beaucoup d’entre-eux ont été abattus par les éléments armées de
l’ASL.
Quant aux écoles d’Alep, près de 20 %
ont été détruites alors que 60% des bâtiments scolaires sont occupés par les
refugies qui proviennent des quartiers détruits ; il faut dire que même les
écoles privées sont menacées par l'Armée Syrienne « libre »; aussi la reprise
scolaire n’a-t-elle pas eu lieu à Alep.
L’Université est également close. Les
examens de l’année dernière ne se sont pas tenus et les cours de cette année ne
sont pas près de reprendre.
A Hanano, les bureaux du recrutement
pour le service militaire ont été détruits. Les banques sont dans l’incapacité
d’ouvrir leurs portes en raison des menaces constantes émanant des bandes
armées à l’affut des mauvais coups. La police est inexistante, le non-respect du code de
la route est indescriptible. Des milliers de maisons sont
construites de manière illégale, un peu partout dans le pays.
Les familles sont divisées et nous
assistons à des situations dramatiques puisque dans une même famille des membres
se rangent avec le régime, d’autres avec l’ASL. Les frères s’entretuent parfois
et font sauter la maison de l’autre, des autres. A Midan comme à Salah-Eddine,
les agents de l'ASL se font les serviteurs des bandes de voleurs qui leur
donnent 100.000 livres syriennes (€1200) pour vider un immeuble pour leur
compte. Les magasins aussi sont vidés. Un souk de receleurs a vu le jour ; il
est communément appelé « al-Souk el Haramiyyeh ». On y vend des machines
domestiques, réfrigérateurs, télévisions et autres équipements…à des prix très
modiques.
Toutes ces violences n’ont pas
nécessairement affecté les relations islamo-chrétiennes. Celles-ci demeurent
normales entre les familles ; toutefois les salafistes sèment la terreur. Au
contraire et paradoxalement, les familles se sont rapprochées ; tous les soirs,
on les voit se réunir sur les terrasses des immeubles partageant la soirée
jusqu’à une heure avancée de la nuit.
C’est ainsi que dans notre immeuble,
une quinzaine de familles chrétiennes, musulmanes, kurdes, alaouites,
arméniennes, passent la soirée ensemble ; elles partagent le pain et plus
généralement le repas du soir, s’entraidant pour les funérailles de l’un ou de
l’autre et allant jusqu’à prier ensemble chacun à sa manière selon ce que lui
enseigne sa religion.
On reconnait là, la Syrie de la
tolérance que nous avons toujours connue. Ces moments multiconfessionnels sont
une vraie consolation.
Chrétiens
et musulmans ensemble, nous voici unis à aider les familles réfugiées qui sont
entassées dans les classes des écoles à se pourvoir en nourriture ; les soldats
de l’armée syrienne y sont bien accueillis ; ils sont reçus et reçoivent une
aide morale des familles.
Des médecins chrétiens et musulmans,
solidaires au milieu de ce drame, donnent leur temps et se dévouent
gratuitement.
Peut-on terminer ce message au monde,
soucieux de justice et de compassion sans évoquer la visite de Benoit XVI au
Liban ; peut-on passer sous silence ses messages (espérance, foi et attachement
à la terre) en direction de la Syrie qui ont mis du baume dans le cœur des
chrétiens et des musulmans.
Homs - 13-14 Septembre 2012 - Les "Brigades
Al-Farouk" ont incendié, dans la nuit du 13-14 Septembre 2012, l'évêché syrien
catholique et son Eglise qui se trouvent dans le quartier d'al Hamidiyeh à
Homs.
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