Pubblichiamo la lettera natalizia di Padre Daniel da Qara lasciandola in francese come ci è giunta: buona lettura agli amici francofoni (e a quelli che usano il traduttore...) Buona Ottava di Natale !
da Abuna Daniel Maes
L’empereur Auguste et l’Enfant dans une crêche.
Une réflexion sur Noël
Il y a plus d’un demi-siècle encore, la vie publique dans notre pays et dans le monde occidental était rythmée, pendant plusieurs semaines à la fin de l’année, par une atmosphère de Noël unique. Rues et boutiques s’illuminaient de mille feux. Partout résonnaient les chants de Noël : « Douce nuit, sainte nuit », « Adeste fideles »… Les places de marché, d’ordinaire si animées, laissaient place à une grande crèche et à un sapin décoré. Dans la plupart des foyers, les lumières du sapin et de la crèche, avec Marie, Joseph et l’Enfant dans la mangeoire, réchauffés par le souffle du bœuf et de l’âne, scintillaient.
Les enfants rêvaient d’allumer un feu d’artifice dans le sapin. On récitait tant de beaux poèmes de Noël, évoquant la vie et la lumière, la tendresse et l’amour, l’unité de Dieu avec l’humanité. Et il y avait d’innombrables histoires de réconciliation, touchantes et émouvantes… celles de soldats en guerre qui, abandonnant toute hostilité, célébraient secrètement Noël avec leurs « ennemis ».
De cette atmosphère chrétienne et de son profond message spirituel, nous sommes progressivement passés à un mode de vie laïc et athée. Un père Noël grotesquement commercialisé occupe une place prépondérante. Noël devrait être rebaptisé fête d’hiver. Une crèche avec Marie, Joseph et l’Enfant est jugée trop discriminatoire et insuffisamment inclusive. Certaines communautés religieuses vont même jusqu’à jouer le jeu et placer dans leurs crèches des personnages méconnaissables, susceptibles d’être utilisés à toutes fins, comme on peut désormais le constater sur la Grand-Place de Bruxelles.
Un vaste mouvement woke façonne la vie publique. Que se passe-t-il réellement ? Selon Raynald Secher, spécialiste français de la résistance aux formes de totalitarisme, le mouvement woke est «le dernier wagon d’un mouvement qui débute au XIIIe siècle avec le fameux débat entre la foi et la raison, puis se développe à la Renaissance, s’intellectualise au siècle des Lumières, s’épanouit avec la Révolution française et finalement est repris idéologiquement par la gauche universelle contemporaine. Dès lors, nous pouvons affirmer que le wokisme et le fils naturel du socialisme ». (https://lesalonbeige.fr/aux-
Ce mouvement vise à nier la nature et l’unicité de l’humanité, d’un pays et d’une civilisation. C’est une tentative d’effacer la création et l’histoire. Avec cette « tabula rasa », il prétend élever l’homme au rang de dieu pour créer une réalité capricieuse et fantasmée, au gré des modes. Surtout, il cherche à marginaliser Dieu comme Créateur, le Christ comme Rédempteur et son Église comme voie de salut pour tous.
La civilisation chrétienne était jadis la norme, et ce à quoi l’on s’habitue finit par lasser, si bien qu’on cherche autre chose. Et nous voici face à quelque chose de complètement différent : l’humanité et son monde « woke ». Les illusions qu’elle présente sont magnifiques : liberté, toute-puissance et bonheur absolu ! Ce fut une tentative intéressante qui offrit un bref répit, mais soyons honnêtes : elle a échoué ; ce n’est qu’une illusion. Liberté, omnipotence et bonheur se sont en réalité transformés en un esclavage extrême et une misère profonde. Il est temps de reprendre nos esprits et de revenir à la réalité. Écoutons un instant ce qui vit véritablement au plus profond de nos cœurs.
Nous avons des désirs sans fin. En réalité, nous ‘n’avons’ pas de désirs ; nous ‘sommes’ un flux incessant de désirs. Après tout, tous ces désirs, de la possessivité à la soif de pouvoir et d’ambition, en passant par les pulsions sexuelles, ne sont que des expressions concrètes de notre aspiration la plus profonde et indéracinable au bonheur parfait.
Et notre expérience quotidienne nous enseigne que nous ne pouvons jamais pleinement l’atteindre ici-bas. Une fois un grand rêve réalisé, nous aspirons aussitôt à autre chose, car nous demeurons insatiables, aspirant au bonheur parfait. Et la foi chrétienne nous explique pourquoi. Dieu nous a créés ainsi, c’est-à-dire pour Lui, afin que nous trouvions le bonheur parfait en Lui.
C’est le message sublime du récit de la création dans le premier livre de la Bible, la Genèse. Dieu créa le premier être humain à son image et à sa ressemblance afin qu’il puisse entrer librement en communion avec Lui et jouir éternellement de son bonheur parfait. Tentée par le diable, l’homme se rebella et rechercha l’illusion de pouvoir être dieu lui-même. Il rompit l’unité avec Dieu et choisit consciemment une vie limitée dans le temps et l’espace, menant à la mort.
Cette fragilité est inhérente à l’humanité. Jésus nous en a rachetés en s’incarnant, en portant sur Lui toute notre culpabilité, en souffrant, en mourant sur la croix et en ressuscitant. Depuis la création, nous conservons en nous, de manière indestructible, « l’image de Dieu », mais nous ne pouvons retrouver « la ressemblance de Dieu » qu’à travers notre ressemblance avec Jésus, icône parfaite du Père.
L’événement de Noël nous révèle la libération de l’amour de Dieu de l’illusion des désirs humains, inspirés par le diable. Dieu sème son Royaume dans l’histoire humaine, avec humilité et patience. Il nous montre le chemin du bonheur parfait malgré la manifestation de la puissance et de la violence humaines. L’empereur Auguste règne en maître absolu dans son palais, tandis qu’un Enfant sans défense, dans une crèche, dans une étable, s’offre à nous.
Voici la superbe humaine face à l’humilité divine : c’est le royaume de ce monde face au Royaume de Dieu, la cité des hommes et la cité de Dieu. C’est le « kronos » face « kairos ». Le « kronos », le temps ordinaire et profane, nommé d’après le dieu de la mythologie grecque qui dévore ses propres enfants, et le « kairos », le temps libérateur de la grâce et de la rédemption divines.
L’empereur Auguste, dans son palais, menait sa politique par l’illusion du pouvoir, la domination et, finalement, le massacre des enfants. Sous son règne, la naissance de Jésus à Bethléem ne méritait pour lui même pas une mention. Mais l’humilité de Dieu a brisé l’orgueil des Royaumes de ce monde. L’Enfant sans défense dans la crèche a vaincu le diable et apporté la vie et la lumière, la réconciliation et la paix, à tous ceux qui lui ouvrent leur cœur. Le mouvement woke, lui aussi, sera emporté par les flots de l’histoire tandis que le Royaume de cet Enfant, lui, perdure à jamais.
Nouvelles de la communauté
Il a plu régulièrement ces dernières semaines, et nous recevons désormais de l’eau des montagnes jour et nuit. Les Romains avaient déjà aménagé le système de drainage, ce qui nous permet, pour le moment, de ne pas avoir à utiliser notre pompe pour puiser l’eau à 1150 mètres de profondeur.
Nous fabriquons toutes sortes de boîtes décoratives en bois pressé à l’aide d’une machine laser, dans l’espoir de les vendre.
| Lever du soleil, 4e dimanche de l’Avent, 21 décembre 2025 |
Nous avons célébré Noël et ses prières aussi bellement que possible en un seul bloc. Le mercredi 24 décembre, nous avons prié les Heures royales (Primes, Tierces, Sextes, Nones) le midi. À 17h30, en début de soirée, la longue célébration a commencé et s’est terminée à minuit et quart. Nous avons chanté les Vêpres de Noël avec les huit lectures, suivies de l’Eucharistie byzantine. Des jeunes de rite syriaque ont chanté le Notre Père en araméen, la langue de Jésus, que beaucoup connaissent par cœur. L’Eucharistie s’est conclue par une procession et la bénédiction du pain et de l’huile consacrée.
Ensuite, nous sommes allés aux grottes pour la crèche vivante : Joseph et Marie avec l’Enfant, les bergers et les Rois mages. Tout le monde était déguisé et participait. Il y avait même trois agneaux nouveau-nés. Là, les récits de Noël ont été lus en français et en arabe. Un des bergers est passé avec le thé pendant que des chants de Noël étaient entonnés dans toutes les langues. De là, nous sommes retournés à l’église pour les Laudes et l’Eucharistie en rite latin. Grâce à la diversité des offices, nous avons pu célébrer cette liturgie de sept heures avec solennité et ferveur.
Pater Daniel, 26 Décembre 2025
