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martedì 22 settembre 2020

Taybet Al Imame et le drame de l'immense patrimoine de la Syrie

Les mosaïques de l'Église des Saints Martyrs (Achevée en 442) 
A Taybet Al-Imam, à Hama, au centre-nord de la Syrie

C'est l'un des plus grands pavements d'église en mosaïque découverts en Syrie (600 m²). 

La Syrie fut une des terres d’élection du mysticisme des premiers siècles du christianisme. On y découvre beaucoup de mosaïques qui couvraient le sol des églises, aujourd’hui en ruines. La représentation en mosaïque des scènes de de la Bible était considérée comme un des meilleurs moyens de catéchiser. 

Les mosaïques syriennes révèlent la complexité de l’interaction entre les deux mondes ; le temporel et le spirituel. Avec une spontanéité dans l’expression, la mosaïque orientale, se démarque de la rigueur des canons byzantins et s’en affranchit. C'est une catéchèse visuelle offerte aux catéchumènes et aux assemblées en prière.

Nous pouvons en admirer plusieurs scènes très instructrices sur l’histoire du Salut et l’histoire de l’église locale. Cette séquence représente l'arrivée à l'église des reliques des martyrs, transportés dans un reliquaire en pierre par deux mules. 

Cette autre séquence, située dans la partie orientale de la mosaïque, représente le « Paradis » promis par Dieu aux « fidèles croyants ». C’est le lieu de la paix éternelle qui est symbolisé par les deux villes de Jérusalem et de Bethléem, comme cela est relaté et décrit dans le livre de l’Apocalypse dans l’Evangile. Bethlehem symbolise la nativité et Jérusalem symbolise la mort et la résurrection de notre Sauveur Jésus-Christ. 

Les inscriptions en grec (Ci-dessus), mentionnent les fleuves du paradis Ghéon, Phison, le Tigre et l’Euphrate. C'est « l'eau vive de la vie éternelle » qui coule, qui nous désaltère et qui abreuve notre foi chrétienne. Celle-ci « se communique, se répand et se propage » par la Charité fraternelle et le témoignage. 


L'Aigle symbolise le Christ glorifié et éternel perché en haut du « mont du Paradis ». 


Au centre du pavement est représenté "l'Agneau de Dieu" qui enlève les péchés du monde, sous une lanterne qui éclaire autour d’elle. 


Le phœnix, symbole emprunté à la mythologie égyptienne et phénicienne, vit sur « plusieurs siècles », meurt et devient cendres. Il s’anéantit et se consume en cendres avant de renaitre de ses propres cendres. Sa renaissance, en beauté et en luminosité, évoque la résurrection du Christ. Le passage de la mort terrestre vers la vie céleste et éternelle s’actualise en chaque baptisé qui reçoit le Corps et le Sang du Christ (Le calice du Sang précieux au milieu de la croix). Par cette Communion et cette participation à la vie, la mort et la résurrection du Christ, le baptisé entre dans la vie éternelle. 


Nous retrouvons, ci-dessus, le symbole du poisson. C’est le ICTHUS – ΙΧΘΥΣ ; mot grec signifiant poisson. Au début du christianisme, ce symbole était utilisé par les chrétiens pour se reconnaître entre eux. ICTHUS est composé des initiales des cinq mots grecs : «Ièsous Christos Theou Uios Sôter» = « Jésus Christ Fils du Dieu Sauveur ».  L'église de St Siméon le Stylite le syrien qui est représentée en forme de croix. 


En novembre 2013, ces précieuses mosaïques ont été malheureusement détruites par les bandes armées agissant sur le territoire de la Syrie et la grande Basilique de Saint Siméon le Stylite (VIème siècle) est devenue un champ d’entrainement des femmes djihadistes. 

3.000 ans de civilisation, 3.000 ans d’histoire.  C’est ce que représentait le temple d’Aïn Dara pour les Syriens et les historiens. Ces 3.000 ans se sont effondrés suite à une frappe aérienne de l’armée turque, fin janvier 2018, qui cherche à reprendre le contrôle sur la région d’Afrine tenue par les Kurdes. 

Quand s’arrêtera cette folie meurtrière destructrice de l’homme, des communautés humaines et du patrimoine civilisationnel commun à notre humanité ? 

CLAUDE ZEREZ

Versione Italiana : https://oraprosiria.blogspot.com/2018/03/siria-i-tesori-perduti.html